Chronique
Afrique-Monnaie unique : quels sont les facteurs bloquants ?
« Dieu s’occupe d’achever ton travail, intérieurement et extérieurement. Il est entièrement absorbé par toi. Chaque être humain est une œuvre en devenir qui, lentement mais inexorablement, progresse vers la perfection. Chacun de nous est une œuvre d’art incomplète qui s’efforce de s’achever.« Shams de Tabriz

Les facteurs bloquants de l’éco ?
En décembre 2019, les Presidents Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Emmanuel Macron de la France se précipitaient pour annoncer que le franc CFA sera remplacé par l’Eco.
Une annonce sur fonds de double controverse pour deux raisons : la première c’est qu’au moment où l’Afrique francophone cherche à s’affranchir de l’influence française, en romptant avec la « Francafrique », il etait inapproprié et maladroit de remarquer encore une fois l’implication francaise dans ce projet.
Combien même les prédispositions techniques, sociologiques et politiques n’étaient pas clairement réglées entre les premiers pays concernés.
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Dans mes deux tribunes sur la question parues aux lendemains de l’annonce du Président Ouattara, j’expliquais que ce serait utopique au stade où nous sommes et à la considération du cheminement pris par le processus (pas exempt de reproches) de penser que l’éco pouvait échapper au demarrage à un arrimage à l’euro, puisque les conditions de la garantie seraient portees par le Trésor français (et encore de manière similaires à celles du franc CFA).

D’autant que sur cette question même, les blocs « francophone » et « anglophone » d’Afrique de l’Ouest n’ont pas les mêmes appréhensions. Les « anglophones » accusent les « Francophones » de vouloir détourner le projet régional au profit de leurs intérêts et de celui de l’Elysée. C’est le premier blocage du lancement de l’éco.
Le deuxième blocage relève des aspects techniques avec les difficultés des pays à s’aligner sur les critères de convergence (croissance et inflation non maîtrisées, avec le covid comme facteur aggravant..)
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Le troisième facteur bloquant relève des jeux de pouvoir entre les trois grandes economies ouest-africaines (La Cote d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria). La Côte d’Ivoire qui annonce le lancement « en complicité avec la France » nest pas du goût du Nigeria qui emet ses reserves publiquement (sortie du Président Buhari sur sa page Twitter), et le Ghana qui, dans un premier temps avait salué l’annonce, finit par se raviser au profit du bloc anglophone dont il est avec son voisin les porte-étendards.
Le quatrième facteur bloquant relève du flou sur les positions réelles des uns et des autres. Tant que cette question n’est pas objectivement ou de manière consensuelle évacuée et les « incertitudes politiques » levées, il est difficile d’établir une feuille de route et planification des banques centrales.
Selon Cheich Mbacké Séne, expert en intelligence économique et communication sensible, le projet de l’éco est également un peu trop détaché de celui de la ZLECAf, qui s’appuie sur des organisations régionales telle que la CEDEAO pour une entrée en vigueur réussie.

Coordonnateur Afrique du Centre international analyse économique.
D’ailleurs, on ne sent point ne serait-ce que les premices d’une rupture monétaire dans la mesure où les différentes banques centrales et gouvernements poursuivent leurs plans d’actions respectifs qui semblent pour la plupart ne pas prendre en considération le lancement de cette devise (introduction de nouveaux billets qui prend en contre-pied l’élan…) Et les tergiversations politiques et donc reports incessants installent les partenaires internationaux dans le doute et l’incertitude le plus absolue. Autant d’engrenages qui contribuent à l’enlisement du projet.
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Le pari est donc à ce jour encore loin d’être gagné dans un contexte bipolaire (anglophones Vs Francophones), avec le défaut de consensus sur les préalables.
Pour un projet deja coûteux avec l’entretien des deux agences créés pour l’occasion, il sera plus approprié de faire l’économie de la situation, mais surtout d’intégrer le Nigéria dans le processus pour le meilleur et pour le pire, lorsqu’on connait son poids économique dans la sous-région. A suivre.
Chronique
Chronique : le comportement du conjoint envers sa conjointe: les fondements islamique de l’amour et du respect mutuel
Le prophète Muhammad Paix et salut sur Lui a dit : »Mangez, buvez, habillez-vous, et faites l’aumône sans gaspillage ni ostentation.«
La base de la société est la famille, dont les premiers éléments constitutifs
sont le conjoint et sa conjointe. Comme preuve « Ô vous les gens !
Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’une âme unique et qui a créé
de celle-ci son épouse. » Sourate Al-Nisa (4 : V1)
Dans le monde islamique le comportement du conjoint vis-à-vis de sa
conjointe et vice versa, et les fondements islamiques de l’amour et du
respect mutuel sont trois questions majeures qui sont légiférées par le
Coran et les Hadiths. Qu’en est-il réellement aux regards de ces Ecritures
Saintes de l’Islam ?
I- Le point de vue du Coran et des Hadiths
La Sourate AR-ROUM, Les Romains, en son Verset 21 va nous servir à
aborder les trois niveaux de questionnement du sujet qu’on se propose de
soumettre à la réflexion.
{ وَمِنۡ ءَایَـٰتِهِۦۤ أَنۡ خَلَقَ لَكُم مِّنۡ أَنفُسِكُمۡ أَزۡوَ ٰجࣰا لِّتَسۡكُنُوۤا۟ إِلَیۡهَا وَجَعَلَ بَیۡنَكُم مَّوَدَّةࣰ وَرَحۡمَةًۚ إِنَّ فِی ذَ ٰلِكَ لَـَٔایَـٰتࣲ لِّقَوۡمࣲ یَتَفَكَّرُونَ }
[Sourate AR-ROUM : 21]
« Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que
pour vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de
l’affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui
réfléchissent. »
I.1 Le couple un Signe d’Allah (Ayatoul-Lah)
Le Coran affirme que l’humanité recevra des signes venant d’Allah le Très
Haut.
En fait, le mot « Signe » est si important, dans le Coran, qu’il est
mentionné plus de 150 fois et, chaque fois, il fait référence aux Signes de
Dieu. Dieu a fait en sorte que les êtres humains possèdent un intellect leur
permettant de réfléchir, d’analyser, de conclure et d’agir en conformité avec
Ses Signes.
Communément cités comme Signes le soleil, la lune, les
étoiles, le jour, la nuit, la pluie, l’éclair, les sept plaies d’Egypte et d’autres,
doivent permettre aux personnes douées d’intelligence de de se souvenir
de leur Créateur et Maître, le Seigneur Allah Le Très Haut.
En regardant de plus près le Verset cité plus haut, on lit : « Il a créé de
vous », ibn kathir l’interprète en disant de la même nature que l’homme
(heureusement) , « et pour vous » la destination des épouses est
clairement préciser une faveur et un insigne honneur pour l’époux de la
part d’Allahﷻ .
Venant du Saint Coran ces Paroles place le mariage dans une sacralité qui
ne permet plus de le ranger dans la banalité, si vraiment on est musulman.
Avoir conscience de cette immense miséricorde de la part du Seigneur
Très Haut à son égard, par l’arrivée d’une conjointe, doit faire germer dans
le cœur de l’époux une immense reconnaissance à l’Egard d’Allah le Très
Haut et une grande considération pour ce Don d’Allah l’a gratifié, sa
conjointe.
I.2 Comportement légiféré de l’époux à l’égard de son épouse
Toujours dans le Verset 21 delà Sourate AR-ROOM, on lit : « des épouses
pour que pour vous viviez en tranquillité avec elles », celà vise la paix
intérieure que procure l’épouse auprès de son conjoint ce qui l’adoucit et
donne à son foyer la tranquillité.
Il est dit ensuite « Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté », ce qui
permet d’affirmer sans équivoque que l’affection, l’amour entre époux est
une miséricorde, une largesse de la part d’Allah le Très Haut à leur égard,
Il y ajoute la bonté réciproque qui installe dans le couple une vie
paradisiaque.
L’amour qui est le ciment de la vie de couple doit être véritable car c’est un
sentiment à propos duquel on peut lourdement se tromper.
D’après Abû Hurayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit
« On épouse une femme pour l’une des quatre qualités suivantes :
richesse, noblesse, beauté et piété. Choisis celle qui est pieuse. Muslim »
Le sentiment ressentit vis-à-vis d’une femme épousée à cause de sa
richesse n’est que l’amour de la richesse. Il devient hypocrisie quand on
s’évertue à vouloir prouver à la femme épousée pour ce motif que l’on
éprouve de l’amour pour elle.
Il en va de même de la femme épousée pour sa noblesse, aujourd’hui son rang social, ou celui de ses parents ou la femme épousée pour sa beauté́. Ces deux dernières qualités finissent
toujours par s’éloigner, ce qui met une distance de plus en plus grandes
entre l’époux et sa conjointe.
La sagesse Prophétique recommande d’épouser la femme pour sa piété,
l’aimer donc parce qu’elle aime Allah le Créateur, cet amour devient alors
fort et bénit.
II La vie de couple des musulmans dans la réalité Le mariage est un projet pour tout musulman ou musulmane qui arrive en âge de le faire. En effet le Prophète Mohammad paix et salut sur Lui a dit : « Le mariage fait partie de ma sunna. Celui qui s’en détourne n’est pas des miens. » (Rapporté par Al-Bukhari et Muslim)
Le Saint Coran apporte même une invocation pour bien aborder cette
nouvelle vie.
« Seigneur, donne-nous, en nos épouses et nos descendants, la joie des
yeux, et fais de nous un modèle pour les pieux. » Sourate Al-Furqan (25 :
74) la réalité de la vie de couple peut être autre.
Dans la vie quotidienne, du fait des nombreux mariages qui n’ont pas pour
réel motif l’Amour d’Allah le Très Haut, les foyers connaissent des
dissensions qui pourrissent la vie familiale.
La question est tellement importante qu’on la retrouve dans le Message d’Adieu du Prophète
Muhammad Paix et Salut sur Lui.
D’après Djâbir, le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit
au cours de son pèlerinage d’adieu : Craignez Allah dans (vos rapports
avec) les femmes.
Vous les épousez avec la garantie d’Allah et vous vous permettez d’avoir des rapports intimes avec elles grâce à la parole d’Allah.
Elles vous doivent de ne pas accueillir sur votre lit une personne que vous
détestez. Si elles le font, frappez-les légèrement. Vous devez assurer leur
subsistance et leur habillement de façon équitable (rapporté par Muslim,
1218).
Le Saint Coran dans la Sourate Al-Baqara (2 : 187) insiste sur la
complémentarité des époux : « Elles sont un vêtement pour vous, et vous
êtes un vêtement pour elles. »
III. Le meilleur exemple de comportement envers les épouses
Comme dans tous les domaines le meilleur exemple de bon comportement
envers les femmes reste le Prophète Paix et Salut sur Lui.
Le Prophète a dit à ses compagnons : « Le meilleur parmi vous est celui
qui est le bon à l’égard de sa femme, et je suis mieux que vous envers mes
femmes. Seul l’homme noble de nature honore et traite bien les femmes, et
seul l’infâme les dédaigne »Cité par AL-HACHIMI, op. cit., p. 159.
Le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Le Croyant qui a la foi la plus parfaite est
celui qui a le meilleur comportement et les meilleurs d’entre vous sont les
meilleurs avec leurs femmes ». [Tirmidhi, riyad as-salihin n°278, authentifié
par sheikh al Albani]
D’après Al Aswad, j’ai demandé à ‘Aicha رضي الله عنها
« Que faisait le Prophète صلى الله عليه وسلم dans sa maison ? »
Elle a dit : « Il était au service de sa famille et lorsque c’était le moment de la
prière il sortait pour la prière. » Rapporté par Al-Boukhari dans son sahih 676
En Islam pour conclure ce bref aperçu des relations conjugales, il n’y a pas
de « Jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Comme on le dit ailleurs pour un
grand amour à son épouse.
En Islam, c’est « Jusqu’à ce que Jannah nous unisse » et ça, c’est porteur
d’un engagement qui transcende la vie d’ici, et rien n’est vraiment plus
beau comme viatique de vie amoureuse.
On ne s’aime pas le temps d’une vie. On se prépare seulement à deux,
pour l’éternité.
El Hadji Mouhammad Ahmad Abdoulaye SENE ibn Aboubacar al Khalambassiyou .
Chronique
Cette vérité que l’on ne saurait cacher
« POUR FAIRE LA PAIX AVEC UN ENNEMI, ON DOIT TRAVAILLER AVEC CET ENNEMI, ET CET ENNEMI DEVIENT VOTRE ASSOCIÉ. » Mandela
La situation en cours résulte de la dérive autoritaire du président. L’hubris d’un pouvoir qui emprisonne ou exile ses opposants les plus menaçants, réprime les libertés et tire sur son propre peuple avec une révoltante impunité.
Il convient, tout d’abord, de nous incliner devant nos morts et d’avoir une pensée pour leurs proches endeuillés. Ils sont une vingtaine, à l’heure où nous écrivons cette tribune, à avoir déjà perdu la vie. Ce décompte lugubre pourrait croître dans les jours qui suivent.
Les événements en cours exigent de chacun qu’il prenne ses responsabilités. Nous affirmons que la situation que vit actuellement notre pays résulte de la dérive autoritaire du président Macky Sall. En 2012, notre confiance l’a placé à la tête de l’État sénégalais. Mais mû par son désir de se maintenir à tout prix au pouvoir, il s’est promis de « réduire l’opposition à sa plus simple expression ».
Le président Macky Sall a ainsi semé les graines de la discorde et de la violence dans notre pays. Sa responsabilité devant le peuple sénégalais est sans appel.
L’Histoire retiendra que c’est lui qui nous a entraînés dans cette crise politique sans précédent, fragilisé notre tissu social et affaissé nos Institutions. Il a de surcroît imprudemment libéré les monstres qui sommeillent en chaque groupe humain et qu’il convient de toujours brider par une pratique de la justice, de l’égalité des citoyen.ne. s et de la paix sociale.
Si nous en sommes arrivés là, c’est parce que nous, le peuple sénégalais, n’avons pas assez réagi quand le régime en place s’est mis à traquer les militants et les cadres de Pastef en plus bien évidemment de son leader, Ousmane Sonko. Il y a pourtant eu des signes avant-coureurs – que nous n’avons hélas pas su décrypter – de cette campagne de répression systématique et sans précédent au Sénégal.
Depuis quelque temps, en effet, tous ceux qui osent élever la voix contre une troisième candidature du président sortant en font immédiatement les frais. Peu à peu, les interdictions de marches pacifiques sont devenues la règle ; les arrestations et emprisonnements arbitraires se sont multipliés.
Dans un tel contexte de brutale fermeture de l’espace politique, les procès aux verdicts ubuesques et la séquestration illégale d’un dirigeant de l’opposition en sont venus à paraître d’une inquiétante banalité.
La nature socratique du verdict du procès d’Ousmane Sonko a fini par convaincre que ce n’était pas la manifestation de la vérité qui était visée, mais bel et bien l’élimination d’un opposant politique dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Elle pose surtout le problème de notre appareil judiciaire dont la fragilité et la fébrilité sont apparues au grand jour.
En vérité nous sommes tous témoins, depuis plusieurs mois, de l’hubris d’un pouvoir qui emprisonne ou exile ses opposants les plus menaçants, réprime les libertés (notamment celles de la presse) et tire sur son propre peuple avec une révoltante impunité.
Nous sommes aussi tous témoins des errements d’un État désireux de rester fort à tout prix – ce prix fût-il celui du sang, de la dissimulation, du mensonge -, oubliant qu’un État fort est un État juste, et que l’ordre se maintient d’abord par l’équité.
A cette réalité brute, l’appareil idéologique du régime en place a répondu que rien ne se passait ; et que ceux qui se trouvaient en prison étaient des individus qui avaient contrevenu aux règles, violé la loi, ou mieux, n’avaient pas respecté les règles de l’État de droit.
Par un étrange renversement de perspective, ceux qui ont affaibli et décrédibilisé les Institutions de la République – notamment la Justice, devenue partisane -, les mêmes qui ont rompu l’égalité des citoyens devant la loi, sont ceux qui s’en proclament les gardiens.
Aux citoyen.ne.s dénonçant cet état de fait, on oppose une batterie de chefs d’inculpation allant de la diffusion de fausses nouvelles au discrédit jeté contre les Institutions, en passant par l’appel à l’insurrection, pour justifier l’appareil répressif mis en place contre eux. Par ces actes, c’est toute la conscience démocratique de la société civile sénégalaise qui est réprimée, sommée de rentrer chez elle et de baisser pavillon.
Ce désir d’instiller la peur chez les citoyens et d’inhiber ainsi toute velléité de protestation par le langage et le discours a cependant quelque chose de profondément anachronique : les Sénégalais.e.s sont attachés à leur liberté de parole et ils n’y renonceront pas.
Un autre déni majeur est celui de la demande de justice sociale et de justice contentieuse de la part d’une jeunesse qui représente 75 % de la population sénégalaise. Cette jeunesse, en plus de manquer de perspectives, n’a pas d’espace d’expression politique et voit ses rêves d’une société plus équitable hypothéqués. Nous voyons enfin des populations, déjà précaires et laissées à elles-mêmes, aux prises avec les problèmes élémentaires du quotidien le plus rude. Elles observent avec tristesse et impuissance la frénésie accumulatrice d’une caste qui s’enrichit illicitement, cultive un entre-soi indécent et répond, quand on l’interpelle ou lui demande des comptes, par le mépris, la force ou, pire, l’indifférence. Une caste que rien ne semble plus pouvoir affecter, ni la misère sociale, ni sa propre misère morale : voilà le drame.
Aujourd’hui, comme hier, le langage, lieu primal de la lutte de la vérité contre le mensonge, demeure fondamental. La première des compromissions consiste à ne pas nommer ce qui est, à l’esquiver, à l’euphémiser, à le diluer par des tours de passe-passe sémantiques, ou à tout bonnement travestir la réalité.
La première des oppressions qui nous est faite est d’avoir tenté par moult opérations de nous obliger à prendre le mensonge pour la vérité. Pour cela, l’appareil idéologique de l’État a tourné à plein régime en produisant des discours ayant pour objectif de voiler le réel.
Nous tenons à alerter à travers cette tribune sur l’usage excessif de la force dans la répression du soulèvement populaire en cours. Symbole de la violence de l’État contre la société, cette répression prend aujourd’hui une forme nouvelle et particulièrement inquiétante. Il s’agit, ni plus ni moins, de la « dé-républicanisation » des forces de défense et de sécurité auxquelles ont été intégrées des milices armées opérant au vu et au su de tous. En agissant de la sorte, le régime actuel est en train de faillir à son devoir de protéger le peuple sénégalais.
Une autre dimension de l’oppression est le gouvernement par la violence et la peur que le régime actuel a méthodiquement mis en œuvre depuis un certain temps. L’intimidation des voix dissidentes, la violence physique, la privation de liberté ont été une étape importante du saccage de nos acquis démocratiques.
Nous n’ignorions pas, après 1963, 1968, 1988, 1993, 2011 et 2021, que l’histoire politique du Sénégal charriait sa part obscure de violence. Mais de toutes les convulsions qui ont agité l’histoire moderne de notre pays, celle qui se déroule sous nos yeux nous semble être la plus simple à résoudre et, par ce fait même, la plus tragique en ses conséquences actuelles. Il suffirait qu’un homme dise : Je renonce à briguer un troisième mandat qui déshonorerait ma parole d’homme, mon pays et sa Constitution, pour que la colère qui s’exprime dans les rues sénégalaises en ce moment même, sans disparaître tout à fait, s’atténue.
Cet homme, c’est le président de la République. Qu’il annonce que les articles L29, L30 et L57 du Code électoral seront révisés, que le parrainage sera aboli afin de rendre les élections inclusives et que tous les prisonniers politiques et d’opinion seront libérés pour que la tension baisse, et que la paix ait une chance de revenir.
La vague de violence qui secoue le Sénégal depuis plusieurs jours n’est pas seulement liée à une conjoncture politique passagère : elle est aussi structurelle, profonde, ancienne. Elle traverse tous les pans de la société sénégalaise, et traduit une foi perdue dans l’État de droit ainsi que le désir d’une plus grande justice (sociale), que garantirait un pacte démocratique renouvelé.
Toute la question est de savoir si le pouvoir actuel a encore le temps, la latitude, la volonté de mettre un terme à une spirale de violence dont il nous semble qu’il est, tout compte fait, le principal responsable. La voie royale vers une paix durable est cependant dans la réhabilitation de la Justice et dans l’édification, cette fois-ci, d’une société véritablement démocratique.
Il s’agira après la tempête, de refonder le pacte Républicain, de construire d’authentiques contre-pouvoirs, de reformer en profondeur nos Institutions, de sortir de notre hyper-présidentialisme afin de ne plus conférer à un seul individu un pouvoir sans limites et sans contrôle.
Chronique
Sénégal: le point de bascule
Par Aziz Fall
Mon cher pays semble s’approcher inexorablement du point de bascule susceptible de bouleverser de manière encore indéterminée son tissu social. Je ne reviendrai pas sur les nombreuses alertes et signaux alarmants qui s’agrègent pêlemêle depuis un certain temps.
Pour la première fois, on voit émerger des pôles de dissension dans tous les domaines sociaux et son corollaire est une fragmentation de plus en plus accentuée entre franges et nul ne semble épargné par les clairons de la division.
Le doute, ce mal pernicieux se substitue à un espoir certes diffus, parfois surprenant mais tout le temps prévalant dans l’habitus sénégalais
A présent, il devient rare de rencontrer un compatriote spontanément optimiste quant à un futur immédiat dans ce pays encore connu comme la terre de la Téranga.
Ce n’est pas seulement le fait incriminant de la politique qui, souvent, fait office de caisse de résonance désespérée d’un malaise grandissant. Toutefois, ces joutes politiques qui semblent se dérouler en feu continu participent à cristalliser les extrêmes et les outrances. Sur la durée, c’est le seuil de tolérance collectif qui risque d’en pâtir car la tolérance n’a jamais été une proposition statique
Elle vit de la sève nourricière des individus qui la verbalisent. Nous sommes collectivement tenus, avec l’individu comme point de départ de la consolider et de la raffermir au risque de glisser sur des sentiers qui mènent à la dérive. La nature humaine qui nous gouverne fait qu’on n’accepte l’actualité d’une dérive que lorsque le dérapage est perçu comme occurrence normale et acceptable.
Au regard de ce qui se passe dans notre société ces derniers temps, le constat est clair : les nuages s’amoncellent et ce n’est pas leur taille qui suscite la crainte, mais leur fréquence et leur constance. Car, en dernière analyse, il n’y a pas de petite violence ; il n’y a pas de petite crise.
Je rappelle le nombre inacceptable de compatriotes morts lors des évènements de mars 2021 ; et cela n’a pas arrêté depuis. sans oublier les innombrables journées d’incertitude, de soubresauts et de haltes socioéconomiques qui frappent Dakar de plus en plus.
Simultanément à ces malheureux développements, nous sommes témoins d’une inflation de la violence verbale qui s’impose et se met à dominer l’espace public.
Ce sont des phénomènes qui se nourrissent de leur réalité et se caractérisent par leur évolution parasitaire donc exponentielle et risquent de mener toute la nation vers le chaos.
Ce dernier ne survient pas nécessairement sous la forme d’une déflagration soudaine et brutale, il peut aussi s’installer en pas feutrés et remettre en cause, pour longtemps et profondément, les certitudes acquises à travers un héritage bien ancré. Je veux nommer ces vertus de solidarité, de la sacralisation de la dignité humaine, entre autres.
Quelle est la cause de ce glissement redoutable, se demande-t-on ? Le premier constat nous oriente évidemment vers certains politiques. Le peuple du Sénégal semble pour la première fois plier sous les assauts d’une catégorie d’acteurs politiques aveuglés par des enjeux circonscrits. Leur force de pression sur le liant invisible mais solide et résilient qui unissait ce peuple a gagné du momentum ces derniers temps.
Surtout que ce monde nouveau et ses caractéristiques disruptives les rendent particulièrement nuisibles et compromettants pour la consolidation et même la sauvegarde des acquis collectifs.
Gardons-nous de sombrer dans un tsunami de regrets pour avoir blessé et meurtri ce que nous avons de plus précieux, ce qu’il y’a de plus précieux pour toute communauté. Ce trésor qu’on nous envie, pour lequel on nous désigne comme une exception ; ce bouclier incompressible et formidable, cette planche salutaire et réconfortante : notre cohésion nationale et notre fierté commune d’appartenir à cette terre d’entrée du continent.
Je ne peux pas deviner les secrets intimes de mes compatriotes quand ils pensent au Sénégal.
Prennent-ils le temps de penser le Sénégal, de le regarder dans leur cœur, de le voir sourire dans leur âme, de le projeter en entité vibrante et dynamique dans leur esprit ?
Peut-être suis-je encore victime de mes temps de nostalgie du pays quand j’étais, loin, si loin de lui et pendant longtemps. C’était une expérience proche de l’épiphanie que d’apercevoir mon pays de loin, dans toute sa splendeur et sa plénitude.
Il m’apparut littéralement comme un don de Dieu, car il l’est. Je ne passerai jamais sous silence les innombrables cas poignants de détresse, les manquements divers et variés dans plusieurs domaines, le désespoir de beaucoup de jeunes à la recherche d’une voie de salut, les parents inquiets pour le bien-être de leur progéniture et oui notre sous-développement. D’autant plus que c’est une époque où je vivais dans l’une des sociétés les plus développées au monde avec un standard de vie presque à nul autre pareil. C’est en ces moments précis que le Sénégal s’est révélé à moi comme la terre des grands hommes qui n’avaient pas besoin de lustres pour rendre visibles la grandeur et la beauté humaines.
Il faut faire l’effort de mesurer le degré de sophistication sociale et communautaire humectée d’humanité qui colore ce peuple.
Protégeons cette décence qui le charrie mieux que n’importe quelle autoroute et plus loin que n’importe quel véhicule, quelle que soit, par ailleurs, sa modernité. Ce pays vaut tous les sacrifices, même celui des ambitions les plus légitimes lorsque son âme est sur la sellette.
Il est vrai qu’on ne peut être sur un balcon et se voir passer dans la rue. Ceci nous rappelle la finitude consubstantielle à notre être et notre incapacité de pouvoir apprécier les offrandes de la vie et la réalité alentour dans toute sa complexité. C’est aussi pourquoi il semble nous être difficile de saisir la grandeur de notre pays. Elle ne se mesure pas au PNB, elle est en fait inquantifiable parce qu’immatérielle. La Téranga n’est pas un vain mot, et à travers le monde nous sommes le seul pays connu et reconnu comme tel. Ce concept encapsule un patrimoine distinct et distinctif qui ruisselle dans nos tréfonds à force d’être collé à nos peaux depuis nos ancêtres. Que nous vaudrait le risque de la compromettre alors que nous sommes juste de passage ?
Oui, le monde moderne apporte des défis de dimensions et de nature inconnues car dans le passé la souveraineté était un principe d’ordre. Aujourd’hui, la globalisation et l’interdépendance grandissante qui résulte de nouvelles interactions transnationales risquent de s’imposer comme un principe de désordre.
Notre pays n’échappe pas à cette évolution sociologique qui requiert non pas une transformation mais un réajustement en gardant en ligne de mire notre identité remarquable de peuple profondément décent et démocratique. Les enjeux de l’heure et les aspirations grandes et justifiées qui nous animent nous obligent à un recentrage de nos attitudes et comportements individuels et collectifs.
A défaut, on trouvera difficilement des moments et des occasions de pouvoir profiter de la gloire annoncée de nos lionceaux, des perspectives de progrès associés à nos ressources nouvelles et cet élan national qui devrait nous amener sur les rives de l’émergence.
Ensemble veillons à sauvegarder les promesses d’Un Peuple, Un But, Une Foi.
Aziz FALL
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