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Environnement

Environnement : Les opportunités de mise en œuvre de la gestion participative des parcours (PRM) dans la Grande Muraille Verte (GMV) au Mali et au Sénégal (IPAR)

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« La qualité la plus importante pour un investisseur est le tempérament, pas l’intellect » Warren Buffett

L’initiative de la Grande Muraille Verte (GMV) a été conçue en 2007 par l’Union africaine (UA) comme un projet de reforestation visant à créer un bouclier d’arbres pour repousser le désert dans la région du Sahel, du Sénégal à l’ouest à Djibouti à l’est de l’Afrique. Elle vise à promouvoir le développement durable et l’atténuation du changement climatique.

Les 11 pays sélectionnés comme zones d’intervention de l’initiative sont : le Burkina Faso, Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, le Soudan et le Tchad. La GMV vise à restaurer 100 millions d’hectares d’écosystèmes dégradés et à séquestrer 250 millions de tonnes de carbone dans ces 11 pays d’ici 2030.

En dépit de certains obstacles après son lancement, l’initiative de la GMV s’accélère, avec des objectifs renouvelés et recentrés ainsi qu’un nouveau financement important qui a été mobilisé en 2021. Toutefois, sa mise en œuvre est inégale selon les pays. Elle a également été critiquée pour son approche descendante, qui exclut les utilisateurs locaux des terres et contribue même aux conflits entre eux.

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) est l’un des principaux partenaires internationaux contribuant à l’initiative de la GMV et, plus récemment, à la Décennie des Nations Unies 2021-2030 pour la restauration des écosystèmes. Le PNUE s’est engagé à soutenir le pastoralisme et les parcours en prenant la tête de la résolution 2/24 de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement sur la lutte contre la désertification, la dégradation des sols, la sécheresse et la promotion du pastoralisme durable et les parcours et la résolution 4/15 sur les innovations en matière de parcours et de pastoralisme durables.

Suite à ces résolutions, le PNUE a initié une étude sur l’analyse des écarts sur les terres de parcours ; le rapport qui en a résulté « Les Parcours : Un Cas de Négligence Bénigne / Rangelands : A Case of Benign Neglect » souligne le manque d’attention accordée aux parcours, notamment par rapport aux forêts. Le PNUE est intéressé par l’augmentation des investissements dans les approches participatives de la restauration des parcours dans le cadre de ses investissements croissants dans la GMV. A ce titre, des approches telles que la « Participatory Rangeland Management » (PRM) offrent de telles opportunités.

Le PNUE a donc initié une étude portant sur le potentiel de la PRM pour combler certaines lacunes dans la mise en œuvre de la GMV notamment pour améliorer la participation des communautés locales aux initiatives de restauration des parcours. Cette approche est un processus qui renforce la capacité des communautés à gérer leurs terres de parcours ; ce qui permet d’améliorer la productivité et la bonne gouvernance. Elle a été mise en œuvre précédemment en Afrique de l’est sur d’importantes zones et terres de parcours, en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie.


La présente revue porte sur le Sénégal et le Mali, où le pastoralisme est l’activité de subsistance la plus importante pour une grande partie de la population rurale. Ces pays ont des terres de parcours étendues, avec des zones importantes en cours de dégradation et ils sont des pays relativement actifs dans l’initiative de la GMV. L’étude a été entreprise par l’Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR) sous la supervision de l’International Livestock Research Institute (ILRI). Elle a été menée à travers une revue de la littérature, des visites des zones présentant un potentiel pour la PRM, des entretiens avec les principaux acteurs et un atelier de consultation dans chaque pays.

Au Sénégal et au Mali, les interventions et les activités de la GMV sont mises en œuvre du haut vers le bas, les décisions concernant l’emplacement et le type d’activités étant prises par les agences gouvernementales locales responsables de la GMV, avec peu de consultation des utilisateurs locaux des terres. Au Sénégal, en particulier, plus d’une douzaine de projets en cours de réalisation contribuent à la GMV.

Le reboisement a été jusqu’à présent un domaine clé de la GMV, sans vraiment impliquer les utilisateurs locaux des terres au-delà de la plantation d’arbres par le biais de programmes de travail contre rémunération et en clôturant les zones, et excluant les populations locales de leur utilisation.

Les personnes interrogées au cours de cette étude ont souligné certaines exigences majeures dans la mise en œuvre et le suivi de la GMV, notamment la nécessité de renforcer la participation et le soutien communautaires et de procéder à une évaluation complète et rigoureuse du reboisement, principal domaine d’intervention de la GMV à ce jour. Au Mali comme au Sénégal, la faiblesse de l’engagement politique et du financement connexe a également été soulignée comme un défi majeur. L’insécurité et les conflits dans les zones d’intervention sont également des préoccupations, bien que les détails sur ces questions n’aient pas été disponibles.

Au Sénégal, l’approche Unités Pastorales (UP) introduite dans les années 1980 a été soutenue par un certain nombre de projets dont certains sont en cours d’exécution. Les UP ont été mises en place autour de points d’eau avec l’objectif de gérer durablement les ressources et les espaces au profit des populations locales et de la communauté des pasteurs transhumants. La mise en place des UP semble être une intervention réussie en termes de développement de meilleurs systèmes d’organisation de la gestion foncière et des ressources naturelles, d’un système de gestion des infrastructures hydrauliques et d’un système de gestion de la transhumance et des parcours.

Cependant, malgré leur succès apparent, les UP n’ont pas réussi à investir dans les communautés pastorales ou à leur donner les moyens de gérer durablement les zones impliquées. En effet, une fois les plans de gestion établis, la plupart ne sont pas mises en œuvre ou les UP sont laissées sans supervision, sans programmes de renforcement des capacités ou sans suivi. La gouvernance locale est faible car les communautés pastorales n’ont pas reçu d’autorité significative sur les UP. De plus, lorsque des organes de gestion des UP existent, ils sont souvent politisés et fortement influencés par les autorités locales.

Une comparaison des approches PRM et UP montre des similitudes, notamment la réalisation d’une étape d’enquête, la collecte et l’analyse d’informations sur les ressources des parcours, le développement d’un plan de gestion des parcours et la mise en place d’un organe de gouvernance ou de gestion.

Cependant, il existe des différences dont la plus significative est liée au fait que la PRM est ancrée dans les pratiques locales d’utilisation des terres, la communauté s’appuyant sur les normes de gestion et de gouvernance coutumières, alors que les UP sont plutôt des espaces circonscrits du paysage pastoral gérés selon des règles et réglementations qui peuvent souvent exclure les communautés locales.

Les UP vont donc nécessiter en permanence des interventions et des ressources externes, alors que la PRM vise à renforcer la capacité des communautés à prendre le contrôle de la gestion des processus décisionnels et de la mise en œuvre de leur propre plan ; les investissements sont aussi financés par elles-mêmes.

Au Mali, des projets ont mis en place des unités pastorales ou des périmètres pastoraux autour de forages alimentés par énergie solaire. La PRM peut apporter une importante valeur ajoutée à ces projets et processus déjà mis en œuvre. Dans de nombreuses régions, les institutions et la gouvernance coutumières se sont effondrées, laissant un vide en termes d’institutions responsables de la gestion et de la gouvernance des parcours et augmentant la probabilité de conflits. L’accent mis sur la décentralisation, avec le pouvoir et la gestion des ressources entre les mains des communautés locales, fournit le contexte politique adéquat pour des processus dirigés par les communautés tels que la PRM. 

Au Sénégal et au Mali, un potentiel considérable existe pour tester et piloter la PRM et en cas de succès, elle pourrait ensuite être étendue. Au Sénégal, une question clé est de clarifier comment la PRM peut ajouter de la valeur aux UP déjà établies et contribuer à l’amélioration de la gestion des parcours. Au Mali, le défi consiste à identifier les zones appropriées qui sont gérables en tant qu’unités au sein de vastes paysages de parcours pastoraux et à maintenir les connexions entre elles, ce qui impliquera probablement de travailler à l’échelle du paysage et, à l’échelle locale, pour s’assurer que la PRM est bien soutenue.

La mise en œuvre de la PRM dans la GMV où l’approche principalement descendante a jusqu’à présent exclu les communautés et généré très souvent des conflits, doit contribuer à une plus grande participation des communautés pastorales notamment les femmes et les jeunes. En renforçant la capacité et la volonté des communautés à jouer un rôle plus important dans la GMV, la mise en œuvre aura des effets bénéfiques à long terme, notamment une réduction des coûts et une plus grande durabilité.

Source : IPAR

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Environnement

Sénégal : la superficie des aires marines protégées passée de 114 000 à 682 435 ha en 11 ans

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« L’homme est très-difficile à connaître ; pour ne pas se tromper, il faut ne le juger que sur les actions du moment, et seulement pour ce moment.  » Napoléon Bonaparte

La superficie totale des aires marines protégées (AMP) du Sénégal est passée de 114 000 ha en 2012 à 682 435 ha en 2023, a annoncé jeudi du directeur des aires marines communautaires protégées (DAMCP), le colonel Mamadou Sidibé.

« Le nombre d’aires marines protégées (AMP), qui était à 7 aires en 2012 est passée à 17 AMP en 2023 avec une superficie passant de 114 000 à 682 435 ha », a-t-il déclaré lors d’un atelier de  validation d’une l’étude intitulée :  »Analyse de faisabilité des différentes options de financement de la restauration des mangroves au Sénégal sur la base de la finance carbone ».

Cette étude a été réalisée dans le cadre du projet aires marines protégées, pilotée par le ministère de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, de concert avec l’Agence française de développement (AFD) à Dakar.

Sur les 17 aires marines protégées dont dispose désormais le Sénégal,  « 14 AMP (82%) sont situées dans des zones de mangrove, avec des superficies à restaurer », a-t-il précisé.

Il a rappelé que le Sénégal a été désigné pour abriter le sixième congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC 6), prévue en 2027, pour  la première fois sur le continent africain.

« Dans cette perspective, a-t-il relevé,  cet atelier offrira l’opportunité de capitaliser cette étude carbone afin de l’inscrire dans les potentiels mécanismes d’autofinancement pour la conservation de la biodiversité marine et côtière ».

Le colonel Mamadou Sidibé a invité les pouvoirs publics et autres  décideurs à davantage accorder une attention particulière à la valorisation de la biodiversité et de ses services écosystémiques ainsi qu’à son intégration dans tous les aspects de la planification.

« Il est aujourd’hui établi que la conservation de la diversité biologique est dans une large mesure, tributaire de la perception du public et de la conviction des décideurs. La conservation de la diversité biologique a une valeur aussi compétitive que les ressources des secteurs dits porteurs », a-t-il fait valoir.

« Le maitre mot reste la conservation de la biodiversité au profit de la communauté et la  promotion du développement socio-économique durable des communautés riveraines des aires protégées au Sénégal et au-delà », a-t-il conclu.

La direction des aires marines communautaires protégées (DAMCP) a été créée en 2014.

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Environnement

Côte d’Ivoire-Agriculture: vers une méthode de production de cacao sans déforestation

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« Il n’y a point de hasard ; tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance. »Voltaire

A travers le projet Promire, la FAO appuie la Côte d’Ivoire à promouvoir une production de cacao sans déforestation pour réduire les émissions de C02. Ce projet est implémenté dans trois régions du pays, à savoir l’Agnéby-Tiassa, la Mé et la Région du Sud-Comoé.

L’agriculture contribue à la déforestation à hauteur de 62%, dont 38% à cause de la production cacaoyère.

e Projet Promire vise à promouvoir une production de cacao sans déforestation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en Côte d’Ivoire. Il a été lancé le 27 juillet 2021 et est mis en œuvre conjointement par la FAO et le ministère ivoirien de l’Environnement et du développement durable.

Son délai d’exécution est de cinq ans, de 2021 à 2026, et sera exécuté dans trois régions du pays, à savoir la Région de la Mé, la Région du Sud-Comoé et la Région de l’Agneby Tiassa, notamment dans 10 villages de chacune de ces régions, soit dans 30 villages au total.

L’objectif principal de ce projet est de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation et de la dégradation des forêts à travers le mécanisme REDD+, un mécanisme international auquel la Côte d’Ivoire a adhéré en juin 2011.

Les résultats attendus au terme du projet dans les trois régions, sont 3.650 ha de systèmes agroforestiers réhabilités, 1.500 ha de forêts restaurés, 4.000 hectares de paysages améliorés et l’élaboration de 23 plans de développements locaux.

La Côte d’Ivoire est un pays agricole. Des études ont montré que la culture de cacao était le principal moteur de la déforestation. 

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Environnement

Togo: l’Etat veut inscrire la lutte contre les changements climatiques dans la Loi

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„Rester soi-même, avec l’énergie du désespoir et imposer son identité, peu importait laquelle d’ailleurs, jusqu’à la destruction totale du gène de la bêtise.“ —  Ken Bugul

Au Togo, le gouvernement veut introduire une loi afin de renforcer la lutte contre les changements climatiques. Le gouvernement a adopté en conseil des ministres un avant-projet de loi « portant lutte contre les changements climatiques« .

« Il est apparu nécessaire de prendre des mesures visant à renforcer la mise en œuvre des activités à fort potentiel de réduction des gaz à effet de serre ainsi que la promotion du développement des technologies innovantes en matière de changements climatiques », indique le gouvernement dans le communiqué sanctionnant les travaux.

Cette adoption s’inscrit, du reste, « dans le cadre des réformes prioritaires inscrites dans la feuille de route gouvernementale », notamment en lien avec la législation environnementale.

Notons que ce projet de loi, qui devra désormais avoir l’approbation de l’assemblée, fait suite à l’adoption d’un décret par l’exécutif il y a à peine quelques mois pour stimuler le stockage de carbone au Togo, toujours en lien avec la lutte contre les changements climatiques.

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